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Spy game - jeu d'espions (sur Ciné + Premier)

Sortie  le  26/04/2024  

De Tony Scott avec Robert Redford, Brad Pitt, Catherine McCormack, Stephen Dillane, Larry Bryggman et Marianne Jean-Baptiste (les 26 et 28/04 + 03/05)


A l’heure de quitter le service actif de la CIA, Nathan Muir apprend que son ex-partenaire, le jeune Tom Bishop, vient d’être capturé en Chine lors d’une opération particulièrement audacieuse. Quelques années plus tôt, les 2 hommes formaient un tandem de choc sur tous les points chauds du globe. Ensemble, ils avaient secrètement assuré les missions les plus impossibles. Ni les risques, ni les balles n’avaient réussi à les arrêter, jusqu’à cette femme rencontrée à Beyrouth. Accusé d’espionnage, Tom sera exécuté dans les 24h. La CIA, craignant un incident international, refuse de le sauver. Oubliant les rancoeurs et le temps passé, Nathan décide de s’en occuper lui-même…

Un peu d’action en ces temps de disgrâce cinématographique ! Ce jeu d’espions permet de voir 2 grandes et incontournables figures du cinéma américain, Robert Redford et Brad Pitt, qui se retrouvent 9 ans après Et au milieu coule une rivière mais cette fois d’un même côté de l’écran. Sous la direction du spécialiste du thriller d’action, Tony Scott (Top gun, True romance, U.S.S.Alabama, Jours de tonnerre, Ennemi d’état), ce film est l’histoire d’amitié et de rédemption d’un homme d’expérience et d’un homme d’avenir.
L’intrigue nous entraîne au cœur de plusieurs périodes clés, depuis la guerre du Vietnam jusqu’à la fin de la guerre froide. Il faut se rendre compte que cette rencontre au sommet entre Pitt, dont on a souvent comparé le charisme à celui de Redford jeune, et son illustre modèle est un réel événement. Sortie aux Etats-Unis il y a quelques mois, ce film s’est malheureusement mais royalement planté, comme si le tandem ne fonctionnait pas bien. Pourtant, cette histoire d’une amitié peu ordinaire au sein de la CIA et d’une époque qui recouvre plus d’une décennie, de 1975 à 1991, semblait assez bien correspondre à ce réalisateur émérite et à ces 2 célébrités, l’une derrière ses bureaux de la CIA (Redford of course !), et l’autre en pleine action sur le terrain Pitt en pleine forme). Ce sujet passionnant est en fait une métaphore, une histoire de rédemption : un homme découvre un autre homme, plus jeune, qui lui fait penser à ce qu’il était des années auparavant, une sorte de reflet de lui-même, et il va le former progressivement à devenir l’un des meilleurs agents de la CIA.
Spy game est un titre ironique : il s’agit de la vie et de la mort de personnes au sein d’un milieu cynique, impitoyable et qui nie l’individualité. Les thèmes de la souffrance et de la désillusion sont assez poignants et décrits avec puissance. Pour le réalisateur, ce fut l’occasion de tourner des séquences d’action dans des lieux exotiques pour montrer une certaine image de la Chine, du Vietnam, de Berlin et de Beyrouth. Il passe au crible 16 ans d’histoire, en majeure partie sous forme de flash-backs. C’est un puzzle géant, une partie d’échecs et d’émotions où Robert Redford joue le mentor, un espion d’expérience et un homme en marge qui a toujours une longueur d’avance sur les autres. De plus, émanant de lui, il incarne magnifiquement cette image de la loyauté envers son ami qui lui va comme un gant. Il sait être un dur à cuire mais aussi un sage contemplatif, réfléchi, posé et plein de maturité. D’ailleurs, lorsqu’on le voit, on a l’impression qu’il fomente quelque chose.
Une grande partie de ce film repose sur l’amitié entre son personnage et celui de Brad Pitt. Ce film d’action met en scène des hommes qui réfléchissent, qui ont une dévotion totale et une implication de tous les instants pour leur boulot. En raison de la nature de son travail, Redford doit constamment jouer, faire semblant, élaborer des stratégies pour la sécurité de son pays. Quand à Brad Pitt, qui interprète le disciple, un tireur d’élite de talent doublé d’un maître espion consciencieux, il a la carrure du personnage quelque peu idéaliste face à Redford. Ce jeune espion à l’avenir prometteur est tour à tour impulsif, spontané et instinctif, guidé par ses émotions. Il est comme une pièce qui avance sur un échiquier, en perpétuel mouvement, sans savoir vraiment quelle est la stratégie qui se cache derrière tout cela.
Ce film est d’une grande acuité, aussi prenant et vivace que précis. Enfin, le facteur féminin, ce maillon qui va déclencher et réveiller chez Pitt un certain nombre de questions et un désir de séduction, celle qui va menacer l’amitié et les relations professionnelles établies depuis longtemps entre les 2 hommes, c’est Catherine McCormack (Braveheart, 3 anglaises à la campagne, Mariage à l’anglaise, L’ombre du vampire), aussi crédible et charmante que volontaire en dirigeante d’un camp de réfugiés à Beyrouth. Elle est à la fois parfaite, belle, réelle et authentique dans son rôle. Même si le film est raconté depuis l’intérieur des quartiers de la CIA, les 2/3 de l’action se déroulent sous forme de flash-backs. Il existe un fort contraste entre la tranquillité des bureaux et le chaos des différents points chauds sur cette période de 16 ans.
Grâce à un montage irréprochable, on assiste à une sorte de marathon qui fait s’entrecroiser des mondes et des époques très différents, sans que cela ne vienne gêner le bon déroulement de l’histoire. Nous sommes pris par l’ambiance du film qui est juste et où les actions sont convaincantes, au point d’y croire totalement. L’ensemble est réglé avec minutie, comme chorégraphié avec une précision minutieuse. On ne s’ennuie pas une seconde dans ce jeu du chat et de la souris qui vous permettra d’apprécier un scénario bien ficelé et pour une fois assez original.

C.LB



 
 
 
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